PHONOLOGIE : différentes définitions du phonème



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puce  Le phonème comme classe ou ensemble de sons :

La phonétique donne une description très précise des sons, mais on n'y trouve jamais deux sons identiques. ex : Le son [i] est différent suivant qu'il est prononcé par un homme ou une femme, peut être différent aussi chez la même personne suivant les moments (émotion, rhume). Cela pose d'ailleurs des problèmes en reconnaissance automatique de la parole.

La variété des sons produits par un locuteur d'une même langue est pratiquement infinie.

Malmberg : "Le nombre des sons physiquement distinct est illimité."

Quand on veut décrire une langue une question se pose : pourquoi se comprend-on quand même, c'est à dire comment se fait-il que les sons soient perçus correctement malgré les différences de timbre et d'intonation ?

La phonologie a tenté d'apporter une réponse (fin XIXème Baudouin de Courtenay initie la démarche, la phonologie devient une science à partir de 1920/30 avec Troubetskoy puis Bloomfield et Sapir) : Les langues ne retiennent pas toutes les différences de son, elles retiennent les différences de sons pertinents dans le système linguistique, les différences significatives.

Le son [i] en français remplit la même fonction quel que soit le locuteur.

Les différentes façon de prononcer le [i] correspondent à une seule unité abstraite remplissant un certain rôle dans la langue : le phonème /i/.

C'est à partir de sa fonction qu'on postule son existence.

De ce point de vue, un phonème est un ensemble de sons trouvés dans les mêmes environnements, et qui remplissent la même fonction dans la langue.

 

puceLe phonème comme unité distinctive minimale.

A ce niveau, l'ordre d'apparition est important : "sa" est différent de "as". "le" de "me" : avant une même voyelle, le sens change en changeant une consonne.

" ma ", " me " : Cette voyelle "e" constitue-t-elle un phonème? Oui car en changeant cette voyelle, on change le sens. On a procédé à une commutation : la commutation est une procédure de découverte des phonèmes.

L'opposition (symbolisée par ~) est ce qui distingue un élément phonologique d'un autre.

On utilise la notion d'opposition uniquement entre phonèmes ex : /s/ ~ /z/

On est dans la représentation orale des langues quand on a des crochets carrés [s] définissant la prononciation. Il s'agit là de la réalisation effective (ce qu'on entend sortir d'une bouche) du phonème /s/.

Là encore, il s'agit de deux niveaux différents.

/s/ = Phonologie : Le phonème est une abstraction.

[s] = Phonétique : Phénomènes (de production ou de perception) concrets, stade de la transcription.

Autrefois, on n'a pas toujours fait la distinction entre représentations écrites et orales, on n'avait pas de convention d'écriture pour l'oral. (ex. "oiseau" : aucun élément de l'écriture ne permet de deviner sa prononciation : [wazo]) On a utilisé les mêmes éléments pour transcrire écrit et oral en utilisant une unité de l'écrit : la lettre. On parlait de la "prononciation d'une lettre" C'est une erreur : une lettre ne se prononce pas, elle s'écrit. Pour eux, le terme de lettre pouvait désigner une lettre ou un son. Aujourd'hui, on utilise trois symboles différents pour trois aspects différents : les guillemets pour spécifier les lettres, crochets pour les réalisations et barres obliques pour la phonologie.

Intéressé par la transcription phonétique ?

Autre cas: [son un fermé]"brun" et [son in ouvert>] "brin"

/son un fermé/ existe mais deux cas :

Dans le deuxième cas, il y a opposition entre deux phonèmes : /son un fermé/ ~ /son in ouvert/ Il s'agit de deux usages différents

1) En français du nord, il y a perte de l'usage du /son un fermé/.

2) En français méridional, les deux sont conservés.

Ce type de recherche doit se faire à l'intérieur d'une langue particulière : Les langues ne retiennent pas les mêmes distinctions comme pertinentes.

En français : "t" et "d"

[t] "temps", "tant" [d] "dent", " dans"

Donc, en français, l'opposition /t/ ~ /d/ a une fonction distinctive. Est-ce valable pour toutes les langues? Il vaut mieux changer de famille de langue

En chinois, la même consonne peut se réaliser en [t] ou [d] sans que le sens change (non distinctif), l'opposition /t/ /d n'est pas réalisée.

Les chinois par contre, opposent /t /~/th/

/th/ trait d'aspiration (trait de souffle)

tha -> avant de prononcer la voyelle les cordes restent écartées, l'air passe.

ta -> remise immédiate en position fermée pour vibration.

A ce stade, le niveau d'analyse du phonème ne suffit plus, il est nécessaire de faire intervenir une autre unité : le trait distinctif, phonologie et phonétique se rejoignent.

exemple : le trait de voisement :

/t/ : non voisé (ne fait pas intervenir les cordes vocales)

/d/ : voisé ( fait intervenir les cordes vocales)

Le phonologue est obligé de se mêler de phonétique en faisant intervenir des caractéristiques phonétiques.

Si une opposition n'est pas réalisée, elle est dite non pertinente.

ex /t/ ~ /d/ non pertinente en chinois

Le chinois oppose la réalisation non aspirée et la réalisation aspirée.

aspiré ~ non aspiré

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puce  Le phonème comme ensemble de traits pertinents

Si on considère les oppositions de



de ce point de vue, le phonème est un ensemble de traits pertinents :

/f/ est non voisé, labio-dental, fricatif

/Z/ est voisé, palatal, fricatif

Le concret n'est pas suffisant , la phonologie est une étape abstraite nécessaire pour décrire une langue

(D'après les cours de Catherine Chanet)

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